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Un va-nu-pieds au Vanuatu !
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21 janvier 2013

VAO

Une semaine sans vous donnez de nouvelles, c’est rare mais le temps passe à une vitesse en ce moment ! En revenant de Vao vendredi soir, j’avais du sommeil à récupérer. Ce weekend, derniers jours pour les compagnons à Port Vila, on en profite pour visiter Efate.

Et voila, je me retrouve lundi matin sans vous avoir encore raconté mon séjour à Vao. Un voyage hors du temps, du début à la fin. Il commence par le terminal domestique à Port Vila, les comptoirs d’enregistrement sont en bois, à l’ancienne.

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Une balance, tout aussi antique, pèse nos bagages (jusque là tout va bien), puis chacun d’entre nous doit y passer (l'avion étant de taille réduite, ils ont besoin de savoir le poids qu'il va devoir supporter) ça promet sur la qualité de l'avion !!!

Puis on attend dans une salle surchauffée ou quelques ventilateurs du siècle dernier arrivent à peine à brasser l'air !!! Notre vol est annoncé et on se dirige vers le tarmac (après nous être acquittés de la taxe de 200 vt à chaque fois que l’on change de province) Deux avions sur la piste, un coucou et un comme celui qui m'a amené de Nouméa a Port Vila ! L’air sûr de moi, je me dirige vers ce dernier ! Erreur, nous prendrons le coucou, un antique engin avec 17 places a bord... Deux pilotes s’affairent dans la cabine, ouverte sur l'habitacle ! De rapides consignes de sécurité et l'avion prend son élan dans un bruit plus qu'assourdissant !

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50 min plus tard, on arrive a Malekula... La piste est en dur mais l'aéroport en ruine... Il a seulement pour aéroport le nom inscrit sur une pancarte... Bâtiments en mode Far-West, bienvenue à Norsup !

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On sort de l'avion, nos bagages suivent sur des chariots et déjà d'autres personnes embarquent pour Santo !!! Simple rapide et efficace !

 

Rufine fait marcher ses nombreux contacts (c’est son île après tout) pour nous trouver un chauffeur qui nous fasse un prix scout. Il nous emmène à bord de son Pick Up ! Un tour au supermarché (les prix sont encore plus cher qu’à Port Vila) puis au marché et on part à travers la brousse… Une heure de voiture sur une route plus ou moins bonne (mais globalement carrossable par rapport à certaines routes de Port Vila). Sur la route, on croise de temps en temps des habitations, logement improbable au milieu de la forêt, mais aussi des stands où des mamans vendent des fruits et légumes pour vraiment rien… Scènes irréalistes de voir ces personnes gagner trois francs six sous dans la forêt (le trafic n’est pas non plus énorme)… DSC_0859

Au bout du chemin, tout le monde débarque, on aperçoit à quelques centaines de mètres dans la mer, Vao, notre destination finale…

 

Elle nous tend les bras et bientôt, un bateau vient nous chercher… Embarquement les pieds dans l’eau ! 15 min sur l’eau et on accoste sur une place de sable fin. Un comité d’accueil est là à nous attendre. Des garçons forment une chaîne pour remonter nos bagages sur le sable sec. Un peu plus là, au détour d’un virage, le reste de la communauté nous attend et voir ce grand groupe devant nous impressionne ! On se positionne en demi-cercle et le rituel de bienvenue peut commencer ! Un chant, un collier de fleur pour chacun (avec des vraies fleurs) et chacun leur tour, ils viennent nous serrer la main et nous saluer ! Accueil top !

On nous laisse ensuite un peu de temps pour nous installer dans les dortoirs (qui servaient à l’origine à loger les enfants de l’école qui venaient des îles alentours mais maintenant les îles possèdent chacune leur école).

Notre premier repas à Vao sera un lap lap, ce plat composé d’une galette de tubercule (igname, magnoc…) accompagné de viande ou de poisson… On trempe le tout dans du lait de coco et on mange assis par terre avec les mains. Aujourd’hui c’est poulet et roussette (que j’ai laissé à mes collègues scouts le soin de goûter pour moi : « goût fort et pas très bon »)

Après-midi tranquille entre découverte des environs immédiats de la mission (un père Ni-Van vit sur l’île), baignade et sieste… La vie au grand air et au ralenti !

 

Le soir, des jeunes du village vont à la pêche et nous mangeons du poisson grillé sur la plage avec du riz…

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On finit la soirée à regarder les étoiles (aucune source de lumière pour gâcher ce plaisir)

 

Nuit courte car chaude !

Petit-déjeuner un semblant français avec du pain provenant du village !

Réunion dans la matinée avec l’ensemble des scouts de Vao pour faire un point sur leurs activités et leur expliquer la raison de ma présence au Vanuatu. Ils ont une envie de vivre un scoutisme de qualité et une envie de se former et d’apprendre à animer des groupes de jeunes. Il ne reste plus qu’à organiser des formations et donc à trouver des financements !

 

Le reste de la journée sera très voir trop tranquille et rapidement, on tourne en rond ! Lecture, baignade, discution…

 

Le lendemain, visite de l’île qui se fait en moins d’une heure de marche très tranquille. On emprunte un chemin de caillou qui fait le tour de l’île. Abel (le responsable des scouts à Vao) nous sert de guide. Il nous explique qu’auparavant, ce chemin était recouvert de sable fin de la plage pour les touristes de passage mais que maintenant qu’ils ont abandonné cette île (pour une raison que je n’ai pas comprise), les habitants de Vao ne ressentent plus le besoin d’avoir du sable fin sur leur chemin (ce que je peux comprendre) et donc retour au naturel…

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Il y a des traditions et des interdits sur de nombreuses choses, que ce soit sur un lieu, un caillou, un bambou, un chemin que seul les hommes peuvent emprunter, un bout de ciel qu’il ne faut pas regarder… Difficile de s’y retrouver dans toutes ces légendes qui se transmettent de génération en génération mais que personne de vivant aujourd’hui n’a bien sûr vu de ces yeux vu !!! Comme cette pierre coupée en deux qui l’aurait été à l’occasion du baptême d’un vieux, ou ces chants que les anciens chantaient en mer pour changer la direction du vent et aller d’île en île (mais dans les airs sont aujourd’hui oubliés). Même si je respecte ces croyances, je ne peux jamais m’empêcher d’avoir un sourire (intérieur). Pas facile le mélange entre notre culture occidental très rationnelle et ces cultures traditionnelles très croyantes.

 

Finalement, plus on s'éloigne du monde moderne tel que nous le connaissons, plus les traditions sont intenses et plus il est difficile et délicat de prendre des photos... Heureusement, nous ne sommes pas de simples touristes et notre séjour prévu de longue date et notre lien commun de scout facilite la prise de clichés que je me fais un plaisir de partager maintenant avec vous !

 

Le soir, le groupe électrogène de la mission est en marche à l'occasion de la messe, quelques lumières s'allument dans le village et tout l'environnement semble, d’un coup, changer.

 

Jérôme (un des compas) à eu quelques problèmes digestif durant son séjour. Un vieux lui a concocté un remède maison pour l’aider ce qui a eu l’effet inverse et l’a couché en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Tout se transmettant très rapidement sur une île, on a vu défiler durant la soirée une bonne partie de l’île au chevet du malade… Une impression de veillée funéraire comme j’ai pu assister à Haïti… Très très étrange mais avec le recul (Jérôme va bien maintenant), c’était très drôle à voir !

 

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Déjà jeudi et notre dernier soir à Vao, grande veillée sur la plage avec les scouts, le reste du village nous rejoint et nous sommes quelques centaines à se rassembler autour du feu.

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Chacun à son tour peut proposer des jeux et découvrir un peu plus la culture de l’autre. De grands moments de rires de la part des Ni-Van notamment lors d’un exercice de mime qui semble nouveau pour eux ! On finit par la prière scoute puis chacun va se coucher ou reste à veiller autour des braises rougeoyantes du feu !

 

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Le vendredi, je dois prendre un vol avant celui des compagnons (il n’y avait plus de place quand j’ai acheté mon billet). Je me renseigne dès le matin sur les moyens de rejoindre l’aéroport de Norsup. On me dit qu’un bateau doit venir faire la navette. Le temps passe et toujours rien ! On rit de voir le blanc s’impatienter et de ne pas savoir prendre son temps ! Un véritable choc des cultures comme je n’en avais pas vécu depuis bien longtemps ! L’insouciance des îles contre l’envie de contrôle des évènements du petit blanc… Des questions que je ne peux exprimer à haute voix fusent dans mon esprit « Comment est ce qu’ils n’arrivent pas à comprendre que je vais louper mon avion ? » « Pourquoi est ce que personne ne bouge le petit doigt pour m’aider et accélérer les choses ? » Moment d’extrême solitude où il ne sert à rien de s’énerver (si on hausse le ton avec un Ni-Van, sa réaction sera de s’enfermer dans un mutisme empêchant toute communication). Jusqu’au dernier moment, les Ni-Van adopteront ce rythme de marche au ralenti, ce rythme que j’apprécie habituellement au quotidien et qui permet de vivre des journées plus sereines et de prendre le temps de vivre tout simplement. Mais un rythme que je juge bon d’accélérer un minimum lorsque la situation l’exige (prendre un avion par exemple). Finalement, je ferais le trajet avec les compagnons et mon avion bien entendu, ne m’aura pas attendu ! Bouillonnement intérieur, envie de crier mon désespoir, envie de me retrouver dans ma culture avec des gens qui me comprennent !

Heureusement, nous sommes au Vanuatu, sur des vols intérieurs, et j’arriverais finalement à me trouver une place sur le vol des compas ! Vol encore plus épique que le précédent, avec une porte qui ferme à moitié et un cafard qui se balade dans l’habitacle !

On arrive néanmoins sans problèmes à Port Vila, retour au bercail, douche et dodo !!!

 

Au final, 3 jours à manger par terre avec les mains, 3 jours à vivre au ralenti, 3 jours coupé du monde, bref 3 jours passionnants et une nouvelle histoire à raconter sur les chocs culturels, histoire qui me fera assurément sourire lorsque j’en reparlerais et qui fut dur seulement sur le moment !

 

Après ce séjour, force est de constater que si l’on peut vivre aujourd’hui avec le rythme de vie et de consommation que l’on a en Occident, c’est bien parce que des populations comme celle de Vao ne consomment quasiment rien des ressources de la planète et prélèvent dans la nature le strict minimum pour vivre !

 

"Il y a assez dans le monde pour les besoins de tous mais pas pour la convoitise de chacun. Si tout le monde aimait assez et tout le monde partageait assez, est ce que tout le monde n'aurait pas assez ?" 

Franklin Nathaniel Daniel Buchman (1878 - 1961)

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Commentaires
M
la citation... c'est du fondateur d'Initiatives et Changement. Tu savais?
Un va-nu-pieds au Vanuatu !
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